L'exposition se propose d'aborder ce sujet par l'autoportrait, le
portrait, le nu, le paysage et non pas uniquement par l'histoire ou la
critique, mais au gré des questions telles que : qu'est-ce qu'une
photographie ? Que fait-elle qu'un autre art ne réussit pas ? À partir
du titre du livre de Denis Roche : « Le Boîtier de mélancolie », l'idée
était de le prendre à revers « sans proposer ce qu'il appelle une réponse, car il n'y a jamais qu'une seule réponse en art ».
Jouant avec ce titre : Et si ce n'était pas la mélancolie interroger
les possibles lectures. Le suivant au pied de la lettre, avec lui se
poser la question du titre : avec un point d'interrogation, que se
passe-t-il ? Dans ce cas là, c'est une proposition qu'on avance ou qu'on
soutient comme vraie. Avec un point d'exclamation, on est plus dans
l'affirmation le « c'est dit » ou « c'est entendu ». L'usage veut qu'un
titre ne soit pas suivi par un élément de ponctuation, ce qui le laisse
alors « flottant ».
Denis Roche écrit « que le bonheur photographique implique ou
suggère quantité de sous-entendus, ne serait-ce que le penchant qui nous
porte à enregistrer les moments heureux plus que les autres (…) Pour lui, il y a « des bonheurs de l'image comme il y a des bonheurs d'écriture ». Il affirme que « le joli n'exclut pas le chef d'œuvre », et que la photographie est
« un art du silence, le silence qui a une surface, le silence comme
« un cependant » de la photographie qui s'ajoute à la grâce du moment
donné, il est sa grâce seconde, son aura dédoublée ».
À travers « ce bonheur photographique » tenir à distance
le funèbre passage du temps pour suggérer bien plus : le bruissement
d'une conversation des photographies entre elles, où la grâce,
l'inattendu se tiennent sur un point de volupté minuscule, mais intense.
« L'habitude de mélancolie » selon E. Poe, cité par Denis
Roche, sera battue en brèche par cette légèreté et par la beauté simple
et touchante du réel. L'exposition tentera de l'approcher avec
délicatesse sans chercher à résoudre cette énigme fascinante de « tuer le présent en beauté ».
Élisabeth Chambon, conservateur du musée Géo-Charles
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