Fabienne Barre a travaillé sur le territoire du bassin minier de Gardanne, en 2007, il s'agissait pour cette artiste photographe de regarder en face un espace et une histoire. L'histoire de cette mine de charbon qui a fermé ses portes en 2003, laissant mineurs et habitants face à un paradoxe cruel : la centrale électrique omniprésente avec ses deux immenses cheminées continuait et continuerait de fonctionner avec du charbon d'importation.
Et un espace, donc, portant les stigmates de cette histoire : terrils, cités minières, industries de transformation et toujours les fumées blanches des cheminées.
Ce passé omniprésent donne une série d'images à l'esthétique étonnante : végétations chatoyantes, ciel bleu, la Sainte-Victoire en fond... bien loin de l'imaginaire entourant le monde de la mine...
Les mineurs, les anciens mineurs, vivent chaque jour parmi ces traces du passé. Ils y sont inévitablement confrontés. Fabienne Barre dans la série des portraits Rue des mineurs nous plonge dans un tête à tête ; face à leur visage, nous sommes confrontés à leur mémoire.
On entre dans leurs yeux, leurs rides, comme ils nous laissent entrer chez eux, habitants des cités minières, partager leur intimité, leurs souvenirs - la lampe de mineur conservée inévitablement dans la salle-à-manger.
Cette série, conçue en triptyque encadrée de bois, de treize portraits, est un hommage. Le regard à la fois tendre et violent d'une femme sur des hommes. D'une visiteuse sur ses hôtes.
Mais au-delà de ces treize hommes qui ont accepté l'intrusion, la confrontation au public et aux lecteurs, ces photographies sont un regard sur une profession, ici, disparue.
Les quatre séries constituant Le fond et la surface ont été exposées en 2008, suscitant des réactions et de l'émotion, en particulier à Gréasque. Les cicatrices ne sont pas refermées et un regard fût-il bienveillant et artistique (donc distancié) gêne, bouleverse.
Confrontées à cette douleur, il nous est apparu que ces expositions devaient être montrées ailleurs pour permettre à d'autres bassins miniers de regarder leur histoire. Sans entrer dans des polémiques politiciennes, juste pour regarder, découvrir les similitudes et les différences. Laisser parler la mémoire, via cette oeuvre photographique.
Une présentation succincte à télécharger : descriptifs artistique et technique, conditions d'expositions.
Mais ces expositions ne se limitent pas à un regard sur la mine, Fabienne Barre a produit des images intelligentes très construites, très contemporaines qui par le biais du portait et du paysage continue son oeuvre. Cette interrogation sur la mémoire des territoires et les traces humaines trouve sur ce terrain un sujet total, abouti.